L’Association Claude Bernard et le renouveau du Musée éponyme.
Rémi Kohler, René Habert
Le musée consacré à Claude Bernard, à St Julien en Beaujolais, à une quarantaine de km au nord de
Lyon, en plein dans les vignes, mérite d’être promu, tant ce médecin-chercheur du 19ème siècle,
fondateur de la « médecine expérimentale », a laissé une marque essentielle dans l’histoire de la
médecine, et particulièrement à l’étranger ; pourtant, ce musée est peu connu (tout comme l’œuvre
de Claude Bernard)… La faute peut-être à son relatif « isolement » -son accès est difficile sans voiture et aussi à une insuffisante « publicité » que cet article vise à pallier.
Ce musée a fait l’objet d’une véritable « renaissance », tant de ses bâtiments (mis aux normes
d’accessibilité) que de son contenu scientifique modernisé ; nous vous racontons ici son histoire et
celle d’une jeune Association –l’association Claude Bernard- qui souhaite redonner toute sa place à cet
« illustre », puisque le musée a ainsi été labellisé en 2016.
1) Claude Bernard (1813-1878)
– Sa vie
Période beaujolaise et lyonnaise. Claude Bernard nait à Saint Julien dans une famille de la bourgeoisie
rurale. Après des études au Collège des Jésuites de Villefranche puis au Collège Royal de Thoissey, il
termine ses études en 1831 … en échouant au Baccalauréat ! Il devient alors apprenti dans la
pharmacie Millet, Grande rue de Vaise à Lyon, mais préfère s’adonner à l’écriture de pièces de théâtre ;
il soumet en 1833 son manuscrit « Arthur de Bretagne » à Marc Girardin, célèbre critique parisien dont
la légende dit qu’il lui aurait conseillé d’abandonner la voie littéraire et de se lancer dans des études
médicales !
Période parisienne. Il reprend donc ses études, réussit le baccalauréat à Paris en 1934 où il effectue
ses études médicales. Il est interne dans différents Services, mais c’est au contact de François
Magendie, titulaire de la chaire de médecine expérimentale du Collège de France, qu’il se passionne
pour la recherche. Il devient son assistant en 1839 et Magendie voit progressivement en lui son
successeur. Après sa première publication en 1844 qui met en évidence expérimentalement le rôle de
la corde du tympan dans la transmission de la sensation de goût depuis la langue vers le cerveau, il
commence une carrière remplie de découvertes et d’honneurs. Il succède à son Maître Magendie au
Collège de France en 1855, où sa statue nous accueille encore aujourd’hui à son entrée. Parallèlement,
il est Professeur à la Sorbonne puis au Muséum d’Histoire Naturelle. Il a été élu dans trois Académies :
Sciences en 1854, Médecine en 1861 et Académie française en 1868. C’est le premier scientifique à
avoir eu des obsèques nationales en France.
Claude Bernard est attaché à Saint Julien, son village où il a acquis la belle maison de maître juste en
face de sa maison natale, et il y retourne régulièrement, en particulier lors des vendanges, profitant
de la toute nouvelle ligne de chemins de fer PLM (la gare de Villefranche sur Saône est reliée à Paris
dès Juillet 1854). C’est aussi lors d’un de ses séjours à Saint Julien qu’il écrit son livre princeps
l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865)
– Son œuvre
Claude Bernard a révolutionné la biologie et la médecine. Son apport se situe à trois niveaux :
1) acquisition de connaissances nouvelles ; ses découvertes sont de toute première importance dans
différents domaines de la physiologie : rôle de l’estomac, de la bile et du pancréas dans la digestion,
régulation nerveuse de nombreuses fonctions (digestion, circulation, motricité ….), fonction
glycogénique du foie, mécanisme de la fermentation, étude des anesthésiques….
2) élaboration de nouveaux concepts qui sont à la base de la physiologie (notion de sécrétion interne,
notion de milieu intérieur et de son homéostasie, négation du « principe de vitalisme »)
3) création d’une nouvelle approche scientifique : la médecine expérimentale.
C.Bernard n’a pas soigné de patients mais il pense que la maladie n’est qu’un dérèglement du
fonctionnement normal de l’organisme et, pour comprendre ce fonctionnement normal, il faut faire
de l’expérimentation sur l’animal. Ses expériences sont conçues pour tester une hypothèse et la valider
ou l’infirmer. Mais une découverte ouvre toujours de nouveaux questionnements … c’est ainsi que la
science médicale progresse toujours aujourd’hui ; et C Bernard , créateur de cette démarche est à juste
titre reconnu comme le « père de la médecine expérimentale ».
Alors, pourquoi Claude Bernard est-il ce grand méconnu ?
1) Ses découvertes relèvent d’un domaine spécialisé impliquant un bagage scientifique et médical
important.
2) Il n’a pas mis au point de thérapie ; contrairement à Pasteur, dont la découverte des microbes s’est
traduite immédiatement par la mise au point de vaccins, il a fallu attendre le 20ème siècle pour que les
molécules et en particulier les hormones intervenant dans les mécanismes découverts par C. Bernard
soient identifiées et pour que des médicaments puissent être proposés aux patients. Ce constat est
particulièrement évident en neurologie et en physiologie nutritionnelle (diabète, obésité), dont les
fondements ont été mis en place par C. Bernard.
3) Parce que la justesse de sa pensée a fait oublier qu’il en est l’auteur. Quand un patient consulte, et
que sa première question n’est pas de demander quel traitement il doit prendre, mais quelle est sa
pathologie, il reproduit la pensée Bernardienne sans le savoir. Quand un chercheur élabore un
protocole expérimental fondé sur une hypothèse explicative, il avance sur les épaules de C. Bernard.
2) Le musée et la maison natale adjacente
Période 1947-1961 : achat et création du musée par le Syndicat d’Initiative de Villefranche.
Période 1961-2004 : la période « Mérieux » (que beaucoup d’entre nous ont connue, au travers de
séminaires organisés sur place, qui étaient un souvenir marquant pour des chercheurs étrangers)
Période 2004-2016 : le renouveau (voir le site « musée Claude Bernard ») :
Importants travaux de rénovation du musée et de la maison natale.
Labellisation « maison des illustres » en 2016.
Création d’un conseil scientifique pour accompagner le rayonnement scientifique du musée.
3) L’association Claude Bernard
Créée en juillet 2018, pour soutenir l’œuvre et la pensée de C. Bernard, animée par un conseil
d’administration de 12 bénévoles Elle compte déjà plus de 170 membres !
Les projets et actions sont nombreux.
Citons entre autres :
– des conférences mensuelles, le vendredi au musée
– l’édition d’une news letter adressée aux adhérents,
– l’organisation d’une Journée annuelle « science et médecine pour tous ». Ce sera le 12 octobre
2019 avec un conférencier prestigieux: René Frydman,
– la restauration du costume de C.Bernard,
– l’affrètement d’un car pour permettre à des scolaires de visiter le musée,
– l’aide logistique et scientifique pour l’élaboration d’outils numériques au musée,
Plusieurs partenariats ont été noués, ou sont en cours
En premier lieu le Musée C. Bernard (administré par l’agglomération Villefranche-Beaujolais) qui
organise des événements et des expositions pendant la période printemps été automne. Et aussi le
Lycée Claude Bernard (à Villefranche), facilitant l’ouverture des jeunes au monde de la recherche en
santé, l’université Lyon 1- C. Bernard , l’école Vetagro sup de Marcy l’étoile, le musée des confluences
ainsi que de nombreuses associations ou musées de la région gravitant sur le thème de la santé :
Patrimoine Médecine Santé, Association Asclepios, Musée d’Histoire de la médecine et pharmacie,
Musée d’anatomie, Musée Ollier – les Vans..
Nous comptons sur tous pour faire connaître cette jeune association , afin qu’elle puisse mener ses
actions culturelles et scientifiques. Une visite du musée C. Bernard et des environs proches (dont le
superbe cloitre roman de Salles en Beaujolais ou le Musée Paul Dini à Villefranche …) est une
« excellente indication » en cette belle période d’automne.
Pour en savoir plus sur l’association Claude Bernard (et la soutenir en y adhérant) :
Contact secretaire@association-claudebernard.fr
Site internet https://association-claudebernard.fr/